Test :
La Tour
Par Zim
La Tour

La Tour d’eXaHeVa, un jeu d’énigmes à l’esthétique épurée. L’on parcourt une tour, arrêté à chaque étage par une énigme que l’on doit résoudre pour pouvoir continuer à avancer. EXaHeVa n’est pas un inconnu des Alex d’or, puisqu’en plus d’avoir participé à plusieurs jeux de type communautaire comme Orange Salvifique qui avait remporté plusieurs prix dans de précédentes sessions, il avait en 2009 présenté Nivalis, un jeu typé point’n click entièrement dessiné, qui avait remporté lui aussi des récompenses pour ses graphismes et sa bande-son. La Tour, sorti en toute discrétion à l’occasion du concours, sera-t-il à la hauteur du précédent jeu ?


Awards majeurs

Graphismes : 3/5
La première chose qui marque lorsqu’on commence le jeu, c’est… le blanc. Couleur omniprésente également dans Nivalis et d’autres jeux d’eXaHeVa, couleur de la neige, couleur du rêve, couleur du papier vierge.
Ce parti pris esthétique, cette blancheur, cet ascétisme esthétique fait mouche. La Tour, où se déroule le jeu, acquière les dimensions de symbole. Certes, c’est très très épuré, mais c’est beau.
Tous ces jolis graphismes tout au long du jeu seront vus et revus. Si l’on excepte quelques dessins si et là, et le final du jeu, les décors sont désespérément semblables. Désespérément, c’est le mot : cette Tour est une prison, et cette uniformité étouffe comme une prison en dépit du vide omniprésent.
Cependant les mécanismes de jeu finissent par nous détourner de tout cela, et l’on ne retient finalement qu’une absence de variété. L’idée est loin d’être mauvaise, mais elle est desservie par d’autres aspects du jeu.

Bande-son : 3/5
Minimalisme définit les musiques (composées par Bolt) et les effets sonores. Les musiques sont de qualité, et respectent le jeu en ce qu’elles réussissent à se faire discrètes pour ne pas gêner la réflexion. Mais finalement leur discrétion a pour conséquence qu’on peut les couper aussi bien pour écouter ses propres musiques. Pour être clair, les musiques ne devaient pas briller pour les besoins du jeu, et de fait, elles ne brillent pas, et en cela on peut reconnaitre le talent du compositeur, qui n’avait pas la tâche facile.

Histoire du jeu : 3/5
L’histoire est extrêmement elliptique. L’on glane, d’étage en étage, quelques informations : pourquoi sommes-nous, qui sommes-nous, qu’est-ce que cette tour, etc. C’est loin d’être inintéressant, ça peut faire rêver, le joueur y allant de ses hypothèses, corroborées ou non (d’ailleurs la fin elle-même est loin de répondre à toutes les questions que le joueur est amener à se poser, et tant mieux, l’histoire s’enrichit de la richesse d’imagination du joueur. Mais… et c’est là quelque chose de dommageable, à cause du gameplay, comme nous l’expliquerons, le rythme de la narration est haché, et la frustration n’aidant pas, il est difficile à la fois de garder le fil et de s’impliquer dans l’histoire.

Ame du jeu : 3/5
Ce jeu a une âme, sans doute, mais une âme bi-partite, pour le meilleur et pour le pire. L’âme du jeu en tant que jeu est une âme malsaine, elle veut du mal au joueur, elle veut le frustrer, le faire se sentir nul, le faire douter du jeu lui-même. Mais pour tout le reste, il y a un charme indéniable, bien que réduit à la portion congrue. Belle âme esthétique, mais âme de taille réduite, face à l’âme géante de la frustration de jeu.

Gameplay : 1/5
Il y a tant à dire sur le gameplay de ce jeu… J’ai voulu traiter cet aspect en dernier, afin de ne pas présenter le jeu entièrement sous un mauvais jour : j’ai donc veillé à mettre en avant d’abord les points positifs de la Tour (graphismes, musiques, scénario, âme… même si tous souffrent d’un même problème : d’être associé à ce jeu.
Le principe n’est pas mauvais. Un étage, une énigme, on avance, on en apprend chaque fois un peu plus sur cet univers intrigant.
Mais les énigmes elles-mêmes… je dois signaler d’ailleurs que ces énigmes sont le fruit de la collaboration de deux personnes : eXaHeVa, et Glutzenbaum pour les énigmes dites textuelles. La faute est donc partagée.
Je me permets de resituer brièvement le contexte dans lequel j’ai joué à ce jeu : en compagnie d’autres personnes, nous avons voulu essayer cette bonne surprise que ce bon vieux eXaHeVa nous avait réservée. Je veux dire par là que nous étions plusieurs intelligences rassemblées, et plutôt bienveillants. Nous avons voulu terminer le jeu sans aide dans la mesure du possible… et nous y avons passé la nuit… en recourant finalement à la solution du jeu, en plus des indices fournis dans le jeu. Nous avons réussi à peu près à résoudre toutes les énigmes, parfois un peu déçus de la solution trouvée (qui ne faisait vraiment sens qu’une fois la réponse connue…). Parfois on demandait à une personne de lire pour elle la réponse, puis de nous guider quand on croyait possible de trouver, mais que les indices ne nous suffisaient pas. Mais une fois, la personne a lu la réponse… et n’a pas compris le moins du monde comment arriver à la dite réponse. Nous avons ainsi passé encore beaucoup de temps à essayer de trouver sens à la réponse fournie dans la solution, sans succès. C’est au point que nous avons décidé chacun d’envoyer un message privé à eXaHeVa, en lui posant cette question : « pourquoi 8 ? ». A ce jour, aucun de nous n’a reçu d’explication, comme si à eXaHeVa lui-même cette énigme restait un mystère. La dernière énigme enfin, une seule personne parmi les survivants de cette dure nuit s’est senti assez de courage pour l’affronter héroïquement. Un mathématicien, qui nous a confié que même pour lui, ces équations à plusieurs inconnues étaient d’une difficulté non-négligeable, aggravée par le fait que pour la résoudre, il fallait résoudre des ambiguïtés de sens en se plaçant du point de vue du concepteur de l’énigme pour essayer de comprendre ce qu’il avait voulu dire. En définitive, nous avons retiré assez peu de plaisir du jeu en lui-même. Beaucoup d’ambiguïtés de formulation des questions, des indices pas toujours éclairants, pas d’explication, une fois la réponse validée, sur le raisonnement qui devait y mener. Ce jeu souffrait donc de graves problèmes pédagogiques, n’amenant pas de façon fiable le joueur vers la bonne réponse, ne la lui expliquant pas s’il l’avait trouvée un peu par hasard ou sans bien comprendre, et enfin, sans progression de difficulté (certaines des premières nous avaient semblé bien plus ardues que d’autres parmi les suivantes)… On ne se sent pas plus intelligent à la fin des épreuves (à tout prendre, on se sentirait plus bête). Cette sorte de jeu plus qu’un autre nécessite des tests extensifs, pour pouvoir déterminer au mieux les moyens de guider les joueurs. J’aurais hésité à mettre une note si basse si les difficultés rencontrées n’avaient concerné que moi, mais huit personnes ont désespéré d’en venir à bout autour de moi, mon avis n’est donc certainement pas isolé.
EXaHeVa indique dans sa fiche, à propos de la durée de vie : « Aucune idée. Dépend de la facilité de résoudre les énigmes ». Et bien ce jeu a duré une nuit, soumis à l’intelligence conjuguée d’une demi-douzaine de personnes pas plus bêtes que d’autres, qui ont à plusieurs reprises dû se résoudre à consulter la solution sans même parfois la comprendre. Mais faire durer cette expérience-là n’était pas une bonne chose.


Awards mineurs

Award Graphismes personnalisés : 3.5/5
Les graphismes m’ont beaucoup plu qualitativement. Ce qui est sanctionné ici (encore que modérément) est le fait que le jeu n’a pas grand-chose à montrer quantitativement.

Award Musiques personnalisées : 4/5
La note est ici plus élevée que dans l’award principal bande-son, afin de souligner le travail qui a été réalisé par Bolt, travail bien trop discret en cours de partie, mais néanmoins méritoire.

Systèmes personnalisés : 1/5
Il n’y a pas grand-chose à dire à ce sujet… Qu’y a-t-il de personnalisé ? Le système de poussée de bloc ? Les énigmes étant des cas uniques à chaque occurrence, on ne peut parler vraiment de « système ». Je mets une note – basse – seulement parce qu’eXaHeVa a demandé à ce que La Tour soit jugé selon ce critère.

Award Univers 3.5/5
L’univers est intriguant, mais on en apprend très peu.

Award Scénario : 3.5/5
De même.

Originalité : 4/5
Le jeu est assurément original, de par son parti pris esthétique, sa narration elliptique, et le genre de jeu (énigmes) fort peu représenté sur RPG Maker, voire dans les jeux-vidéo en général. Théoriquement tout cela aurait pu donner un excellent résultat, c’est pourquoi je mets une note haute malgré les défauts du jeu.

Introduction/Départ : 3.5/5
Le jeu commence très bien, l’ambiance s’installe immédiatement, faite de nimbes et de mystères. Les phrases qui se succèdent à l’écran, qui présentent le point de vue du personnage qu’on incarne, sont parfois jolies, ainsi ce « ces histoires que je m’écris dans les airs ».

Conclusion :
En conclusion, pour moi ce jeu est un gâchis. Bon dans le principe, convainquant dans toutes ses parties accessoires, il pèche dans sa partie la plus essentielle, à savoir de faire rêver. La frustration est telle qu’elle a enlaidi à mes yeux les graphismes, les musiques à mes oreilles, l’histoire à mon esprit.

Note finale : 2/5

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