Test :
Aëdemphia
Par CGK
L'état d'esprit du concours a changé au cours des années. Certains tests du passé peuvent avoir un franc parler mais aussi un caractère choquant. Nous nous excusons d'avance pour cela.
Aëdemphia

Avec un titre pareil, c'est le genre de jeu qui interroge tout de suite le testeur : de quoi est-il question dans ce fichu RPG ? Chef d'oeuvre ou daube, en tout cas, j'étais assez intrigué pour avoir envie de le découvrir.


Scénario : Irzyka, jeune femme guerrière, est transportée dans un monde qui lui est inconnu au cours de l'assaut final contre un des tyrans de son monde. C'est donc perdue qu'elle commence cette aventure. Cependant, son arrivée ne laisse pas certaines personnes indifférentes, qui aimeraient mettre la main sur cette étrangère semblant renfermer une bonne part de mystère. Heureusement pour elle, Irzyka va rencontrer des aides, qui lui seront d'un grand secours dans l'aventure onirique qui l'attend.

Doté de nombreux rebondissements, le scénario est un point excellent du jeu Aëdemphia. En plus d'être en marge des scénarios dont on a trop l'habitude, il permet une véritable implication, en proposant des choix irrémédiables et des interractions entre personnages poussés. L'auteur parvient à créer la surprise presque à chaque fois, c'est donc naturellement un plaisir que de découvrir l'histoire d'Aëdemphia.

Univers : J'ai été assez surpris lors de la prise en main du jeu. Les décors sont assez pâles, grisâtres, pastels, et le tout donne un cachet éthéré à l'univers dans lequel on évolue.A mesure que l'aventure se dévoile, on apprend beaucoup sur le monde où l'on se trouve. La majorité de la population croit en un paradis appelé Aëdemphia, où l'on se rendrait à sa mort. Ce paradis correspondrait à la définition propre à chaque personne du mot « paradis ». Ainsi, un gourmand ateindrait peut-être un Aëdemphia où la nourriture serait délicieuse et abondante. Cependant, certaines personnes ne croient pas en l'Aëdemphia. A leur mort, on raconte que leur âme erre sous forme d'une boule lumineuse à la surface du monde, jusqu'à ce qu'on l'attrape, et que l'on en fasse un lampadaire... Triste destin.

De façon génrale, l'univers scénaristique est aussi éthéré que les décors. Le mot qui définirait le mieux Aëdemphia est « mélancolie ». Non que ça soit lourd à jouer, car j'ai trouvé cet univers très immersif, mais parce qu'on ressent parfois un peu de vague à l'âme à certains moments. En fait, le grand point fort de ce jeu est de créer l'émotion, un peu comme un bon roman. Le taux d'implication émotionnelle du joueur est tel qu'une âme un tant soi peut sensible pourrait sentir les larmes se précipiter aux coins des yeux en visionnant certains passages... Encore une réussite donc pour cet univers qui fait très « OVNI » dans le monde des RPGs amateurs.


Dialogues et mise en scène : Après plusieurs années d'Alex d'Or passées à attendre, voici enfin LE jeu qui me comble au niveau des dialogues : enfin un auteur qui donne des questions à choix multiples auquelles il n'est possible de répondre qu'une seule fois, ceci entraînant le scénario dans une direction particulière.Ca entre enfin dans la logique d'un vrai monde, où les gens ne posent pas dix fois la même question jusqu'à obtenir la réponse qui les satisfait... Merci Nonor...

D'autre part, les dialogues sont toujours très profonds, intéressants, et en harmonie avec la personnalité de chaque personnage. Les PC sont d'ailleurs rarement tous d'accord, et se ranger à l'avis de l'un blessera l'autre. D'ailleurs, il est possible d'utiliser dans le menu une fonction « parler » qui déclenche un dialogue avec un des autres personnages de l'équipe. Une innovation bienvenue et dans la lignée de l'esprit rôleplay d'Aëdemphia.

Personnages : Les quatre personnages incarnables sont très riches, et également très différents. On ne contrôle pas ces héros bien calibrés que l'on rencontre dans un RPG classique.

Irzyka est le personnage principal. Sous son apparence féminine fragile et sa désorientation face à son transport dans un nouveau monde, elle renferme un caractère assez solide, et va souvent de l'avant. Etant donné qu'il s'agit du personnage que l'on incarne, on peut par nos choix déterminer si elle est plutôt du côté du bien ou du mal (bon, c'est manichéen comme je le présente, mais je ne trouve pas d'autres façons pour le formuler...) Cependant, l'interogation qui revient souvent chez ce personnage est la croyance en l'Aëdemphia. Puisqu'elle est nouvelle en ce monde, tous ses équipiers lui posent la question. De sa réponse dépend peut-être le sort du monde...

Arniok est le second personnage que l'on recontre. Ancien soldat, il s'est isolé de la civilisation pour s'éloigner du mal qu'elle répand, selon lui. Cependant, on lui demande d'accompagner et de protéger Irzyka, et le coeur noble acceptera ce travail. Le vieux guerrier a un sens de l'honneur et du dévouement proportionnels à sa haine pour la folie et la violence des hommes. Même s'il n'est pas le plus fûté de la bande, il reste un homme de confiance et de principes. Il croit dur comme fer à l'Aëdemphia

Manalianne est le second personnage féminin. Arniok et Irzyka la sortent d'une altercation avec les gardes, et elle intègre l'équipe. Cependant, la jeune femme laisse beaucoup de doutes quant à sa loyauté. C'est le personnage qui recèle le plus de mystères, même si elle reste assez attachante. On la croit faible mais peut-être dissimule-t-elle beaucoup de choses dans sa petite tête. Elle ne semble pas croire en l'Aëdemphia, ou tout du moins elle possède de nombreux doutes sur son existence...

Aredas est le dernier personnage à intégrer l'équipe. Fils d'oracle et oracle lui-même, il est très influent sur son peuple et pressent de nombreuses choses. Cependant, sa langue est tranchante comme un rasoir, et il méprise facilement ceux qu'il juge inférieurs. Etant donné qu'il arrive à la fin dans le groupe, ses actes sont mal acceptés par Arniok et Manalianne. J'espère voir une version plus aboutie de ce jeu pour voir comment ce personnage évoluera.

Une belle brochette de caractères, qui contribuent à rendre ce jeu extrêmement vivant et immersif.


Graphismes : Comme dit plus haut, les graphismes sont souvent grisâtres ou délavés. Cependant, cela n'altère en rien leur qualité.De très beaux décors bien agencés viennent agrémenter le jeu, et on se perd avec joie dans les grandes plaines pluvieuses ou les villes sombres. Les charsets sont pour la plupart issus des librairies classiques, mais les PC ont été entièrement dessinés dans un style très agréable. Mention spéciale aux cheveux d'Irzyka et de Manalianne.Les facesets des PC sont également customs, et assez jolis.

Programmation : L'auteur a relevé un grand défi en réalisant un CBS et un CMS customs, mais surtout très développés. On se croirait dans une production professionnelle de console 16bits. Et malgré la complexité de la programmation, peu de bugs sont à déplorer. Bravo à l'expert .

Gameplay : Un gameplay formidable, avec un CBS du tonnerre. Le système de combat est assez simple à prendre en main, et somme toute assez classique, malgré quelques commandes atypiques, comme les « capacités ». La difficulté est bien gérée, et progresse en fonction du niveau du joueur. Cependant, il ne vaut mieux pas négliger l'entraînement. Le menu permet de visualiser les techniques et capacités du personnage, d'équiper arme et armures, mais aussi et surtout, de faire progresser le personnage. Dans 'statut', on peut en effet attribuer des points à chaque caractéristique, pour personnaliser l'évolution de son personnage. Inutile de préciser que les points sont gagnés à chaque niveau.

Au niveau des possibilités dans le jeu, notez qu'outre l'attaque classique, il est possible de réaliser des techniques propres à chaque personnage (magie, techs de combat...) mais également des capacités, apprises par le biais des armes. Cependant, j'ai peu souvent eu recours à ces capacités car elles ne m'apportaient pas un grand avantage au combat. A noter que la fréquence des combats est raisonnable.

En bref, des combats très agréables à mener, qui ne gâchent en rien le reste du jeu.

Humour : Mis à part quelques petites pointes, l'humour n'est pas la denrée la plus abondante dans Aëdemphia. Il s'agit là d'un jeu sérieux .

Musique et sonorisation : Là, il y a du bon et du moins bon. Le style de la musique est du new-âge, c'est à dire la musique faite par des groupes comme Deep forest, Enya, ou certains Jean Michel Jarre (pitié, les puristes, ne m'attaquez pas, j'y connais rien) Dans la majeure partie des scènes, cette musique est bien utilisée, et elle participe à installer cette ambiance propre à Aëdemphia, un peu atypique. Mais ailleurs, et surtout en combat, certains morceaux (comme Oxygène de JMJ) n'ont pas leur place... On croirait faire de la baston taï-chi .

Les sons ont le mérite d'être discrets et harmonieux, en continuité avec le reste. Pas de bips stridents qui vous mettent les nerfs en pelote au bout d'une demi-heure...

Durée de vie : plus de 4 heures pour cette première démo, qui, avec sa taille raisonnable, mérite la palme du rapport qualité/poids. Ceci dit, 4 heures d'un si bon jeu, c'est encore trop peu . A noter que beaucoup de mini-quêtes peuvent allonger cette durée de vie, mais je n'ai pas pu tout faire...


Conclusion : La bonne surprise des Alex d'Or 2003/2004, qui prouve s'il en était encore besoin que le making français n'est pas mort, et qu'il est de qualité. Atypique mais d'une excellente qualité, c'est une valeur sûre pour un divertissement plus qu'appréciable. Car si l'Aëdemphia est le « paradis » pour les gens du monde étrange où Irzyka évolue, il signifie également Nirvana aux oreilles des fanas de RPGs amateurs de notre vieux caillou bleu.

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